La vision réductrice et clickbait du deepweb

blackmarket 3 sept. 2015

Sur un site que je fréquente, quelqu’un a reposté un article sourcé sur Zataz (que je ne visite pas) intitulé :

Formations massives au DarkNet des policiers spécialisés

 

C’est marrant dès qu’un article parle du DW (enfin de Tor en tous cas), c’est tout de suite assimilé aux marchés noirs, donc drogues, et criminels.

Déjà avant la drogue, y’a le fléau du CP tant qu’à faire. De la drogue tout le monde peut s’en acheter dans la rue, l’avoir par “email” c’est simplement plus rassurant vu qu’on se croit anonyme. Jusqu’à ce que les gens remplissent leur adresse postale réelle. Cet article concerne un sujet bien précis, la lutte contre une partie de la cybercriminalité, mais tous les articles portant sur le DW font généralement l’impasse sur tout un tas de services pour ne se concentrer que sur le côté sombre du DW et non sa plus-value.

Tous les utilisateurs ne sont pas des criminels en puissance ni en devenir. On y croise des curieux (vive TorBrowser), des policiers ou assimilés, des détraqués, des érudits, des hackers (black/white), des journalistes, des personnes cherchant à outre-passer la censure dans leur pays, des hacktivistes, des objecteurs de pensée, du partage de contenu piraté… et des criminels.

En même temps sans demande y’aurait pas d’offre criminelle, faut aussi avoir ce raisonnement. Et Internet étant le reflet de la société, sans la retenue du fait de la communication par écrans interposés voire en se croyant anonyme parce qu’on utilise un navigateur qui intègre Tor, on y trouve forcément les “dérives” classiques.

Si on s’y intéresse réellement, on y trouve bien plus que des marchés noirs ou des forums sur les perversions sexuelles.

Outre des services de communication/partage garantissant l’anonymat on y croise également des sites d’information et de discussion de mouvements de “pensée libre”, d’opposants à certains régimes, des non conformistes, des bibliothèques mais aussi et surtout de nombreux lieux d’échange sur l’informatique et ce qui tourne autour. Car oui hacking, Reverse Engineering, Social Engineering, notamment, sont aussi des sujets qui font avancer le Net. Et qui d’ailleurs pourraient parfois servir à sensibiliser les internautes du CW à des arnaques, leur faire prendre conscience de la (relative) dangerosité des réseaux sociaux et de l’hyper connectivité. Comme tout simplement les documenter voire instruire.

Bref, le DW n’est pas que le repère des marchés noirs et des vendeurs/acheteurs de drogues, armes, faux billets et amateurs d’arnaques sur Amazon, Leboncoin ou tout autre site de vente en ligne. C’est encore, pour l’instant, un lieu d’échange sans contrôle, sans jugement, où chacun peut sans inhibition acheter, consulter, se renseigner, se documenter, s’instruire. Mais pour ces derniers il convient de chercher un peu et de ne pas se imiter aux sites les plus connus, qui sont en effet réservés au marché noir ou aux fantasmes sexuels.

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