@LEXPRESS : j'utilise Tor, BitCoin et le chiffrement (et non cryptage) mais ne suis pas terroriste. Navré.

bitcoin 2 déc. 2015
L’Express qui publie un article sur Daesh, BitCoin et Internet, sans rien y connaître, c’est tout de même dérangeant, en plus d’être affligent d’inepties.
 
Et pour les néophytes, l’article revu et corrigé par un technicien qui, lui, s’y connaît : https://reflets.info/daech-les-bitcoins-le-dark-ouebe-et-lexpress-mais-pourquoi/
 
 
Je comprends parfaitement que les concepts de Tor, BitCoin et AES256 sonnent comme des mots issus d’un film de Science Fiction pour certain.e.s.
Je comprends qu’il faille vendre des abonnements et des publicités.
Je comprends que traiter de Daesh en ce moment soit normal, tendance, juteux.
Je comprends que tenter de vulgariser les termes techniques, très à la mode, de Tor, BitCoin et chiffrement soit de bon ton.
Je comprends qu’on puisse penser que Daesh, ou d’autres, utilisent ces outils à des fins malveillantes.
Je comprends que tout ceci intéresse des néophytes.
 
Cependant ce n’est pas une raison pour les assimiler exclusivement à du terrorisme dans un article au seul but de générer de la lecture, du clic et donc de l’argent via les pubs.
 
 
J’utilise Tor et mon site est aussi sur Tor et je ne suis pour autant ni un pédophile ni un terroriste.
J’utilise le BitCoin et je ne suis pour autant ni un escroc ni un magouilleur ni un acheteur/vendeur de drogue/arme.
J’utilise le chiffrement, y compris de l’ensemble de mes connexions à Internet (désolé pour la loi renseignement, faudra réinventer l’informatique pour l’appliquer), et je ne suis pour autant ni un terroriste ni un “simple” criminel.
 
J’utilise Tor pour protéger mon droit à la vie privée et accéder à d’innombrables sites d’information/discussion.
J’utilise Tor pour mon site afin de le rendre accessible aux personnes ne navigant que sur ce réseau.
J’utilise BitCoin pour acheter des Tshirts et autres biens de manière simple et sécurisée.
J’utilise le chiffrement pour préserver mes documents personnels et ma vie privée, qui doivent rester privés.
 
Je ne vais pas reprendre tout l’article, Reflets le faisant très bien d’un point de vue technique. Mais je suis choqué qu’une journaliste puisse écrire autant d’inepties, de surcroît dans l’Express qui n’est, peu importe le bord politique, pas connu pour être un papier de bas étages.
 
J’ai peu d’espoir d’avoir une réponse mais j’espère que quelqu’un pourra aider à faire passer ce message à qui de droit, refusant de m’inscrire sur le site Web pour les contacter.
Je n’en veux pas à l’auteure, Christine KERDELLANT mais je serais curieux de savoir quels son ses thèmes de prédilection ? Pas l’informatique visiblement.
 
Comment peut-on sérieusement incriminer Internet dans l’escalade de violence récente dont la France fut victime ? Pire, comment une journaliste peut-elle remettre en question des outils qui permettent à certain.e.s de ses confrère.soeur.s de faire leur travail ? Parce qu’il n’y a pas que les geek et pédo/criminels de tous bords qui utilisent Tor et le chiffrement. Certains journalistes tant français qu’étrangers doivent apprécier l’image véhiculée.
 
Quant au BitCoin, qu’est-ce qui dérange ? Qu’on puisse faire comme avec des billets, cartes pré-payées, cartes de banques étrangères ou comptes “offshore” ? Qu’on puisse s’en servir pour faire passer de l’argent sans que le fisc ou les douaniers ne le sachent ? C’est triste. C’est inquiétant.
 
Et Internet, cet objet du diable. Cet outil qui donne à certains le pouvoir de censurer leurs populations, à d’autres de se palucher devant des photos d’enfants nus, encore à d’autres de vendre et acheter drogues, armes et produits piratés. N’est-ce pas aussi cet outil qui permet à tout un chacun de communiquer ? N’est-ce aussi cet outil qui permet de partager sa vie, ses photos, ses désirs, espoirs, déceptions, vices et bien-être ? De travailler ? De chercher du travail ? De regarder un film ? De réserver un hôtel ?
C’est comme de dire que ceux qui décapitent avec un couteau sont la résultante de la vente libre de couteaux.
 
Quant aux “sites non indexés par Google”. Bizarrement là Google n’est pas mentionné comme étant une vaste pompe à données personnelles, comme une machine à diffuser de l’information sans rémunérer les journaux. Là non, Google n’est pas le mauvais ami des journalistes. C’est le grand et formidable moteur de recherche qui, si un site n’y est pas indexé, prouve alors que ce site est illégal, mauvais.
C’est bien mal connaître Internet, Google n’indexant que 20%, au plus, du contenu publié.
 
 
C’est une bien piètre vision de l’ère numérique qui est relatée dans cet article. Une bien piètre image de L’Express qui est donnée et surtout une démonstration que parler sans savoir est devenu si simple que ça se passe même chez ceux ayant pignon sur rue.
Enfin… si on omet la rémunération par visionnage/clic de publicité bien entendu, cet article devant rapporter un peu plus que d’autres.
 
 
Au final je suis surtout choqué qu’une journaliste puisse dénigrer si facilement les outils qui font que d’autres journalistes peuvent faire leur travail dans des pays dits de “dictateurs”.
 
Quant à l’illustration de l’article… Les banques d’image gratuites donnent de vraies illustrations si on tape “chiffrement”, pas une capture de l’édition d’un programme avec un éditeur inapproprié. Là encore… c’est manqué.
 
Pour Daesh le seul levier que représente Internet est celui de la communication gratuite, mondiale et immédiate (même pas anonyme). Dont fait aussi parti ce malheureux article.
 
 
C’est triste de verser dans le cliché pour faire du “putaclic”.
 
 
Un lecteur occasionnel qui hélas pour vous connaît le sujet.

 

 

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